AlpiLinK collecte des données pour toutes les variétés linguistiques des Alpes italiennes appartenant aux familles linguistiques germaniques, (rhéto-)romanes et slaves. Nous vous invitons à jeter un coup d’œil à la carte ci-dessous pour découvrir de quelles variétés il s’agit et où celles-ci sont parlées. En-dessous de la carte, vous trouverez la liste de toutes les variétés linguistiques d’AlpiLinK. De nombreux noms figurant sur la carte sont des macrolabels couramment utilisés dans les régions où ils sont placés. Ils ne désignent pas une variété linguistique homogène, mais plutôt un groupe de dialectes qui partagent certaines caractéristiques, tout en conservant un degré important de variation linguistique au sein de chaque groupe.
Nos variétés linguistiques
Le terme cimbre se réfère aux variétés germanophones parlées dans les enclaves linguistiques de Lusérn (Luserna en italien; qui compte aujourd’hui quelques centaines de locutrices et locuteurs), dans la province de Trente, de Ljetzan (Giazza en italien; quelques dizaines de locutrices et locuteurs), dans la zone historique des XIII Communes dans la province de Vérone, ainsi que de Robaan (Roana en italien; moins d’une dizaine de locutrices et locuteurs), dans la zone historique des VII Communes du haut plateau de Asiago dans la province de Vicence.
Le Kanaltal (‘vallée du canal’ en allemand; Val Canale en italien) est situé à la frontière de l’Italie, l’Autriche et la Slovénie. Cette vallée fait partie de la Région Autonome du Frioul-Vénétie-Julienne et marque l’extrémité nord-est de l’Italie. L’on y trouve des communautés plurilingues reconnues officiellement comme quadrilingues, surtout dans les communes de Tarvisio, Malborghetto-Valbruna et Pontebba. La population parle le dialecte allemand local de type bavarois méridional appartenant au groupe linguistique carinthien, aux côtés de l’italien standard et de la variété régionale officielle du frioulan; à cela s’ajoute le slovène et, pour certaines locutrices et certains locuteurs, l’allemand standard, ce qui s’explique par la proximité géographique de l’Autriche.
La localité de Plodn (Sappada en italien; Pladen en allemand), où est parlée une langue minoritaire d’origine germanique, se situe sur le cours supérieur du fleuve Piave, dans les Alpes carniques. Le premier document écrit détaillé qui atteste de l’existence de cette localité, rédigé en 1296, parle de Plodn comme ayant existé “depuis des temps immémoriaux”, et dont la fondation serait donc très ancienne.
Tischlbong (Tischelwang en allemand, Timau en italien) est situé à 820 mètres d’altitude dans le Nord-Est de l’Italie, à la frontière avec l’Autriche. Selon la tradition orale, des mineurs provenant de la vallée du Gail en Carinthie et du lac Weissensee se seraient établis dans cette localité avant la fin du XIIIème siècle, non loin de l’ancienne voie romaine Via Julia Augusta qui partait d’Aquilée vers le nord pour relier la Carnie frioulane et la Carinthie en Autriche actuelle.
La langue minoritaire germanophone de Zahre (Sauris en italien) est appelée par la population-même de zahrar sproche ‘la langue de Zahre’. Le village de Zahre se trouve dans la région historique du Frioul, dans la province d’Udine située au sein de la région autonome du Frioul-Vénétie-Julienne. Le village est situé à environ 1300 m d’altitude au-dessus de la vallée du fleuve Tagliamento.
En Italie du Nord, le francoprovençal est parlé au sein d’une zone qui s’étend, dans le Piémont, du val Soana, au nord, jusqu’au val Sangon, au sud, ainsi que dans la totalité de la Vallée d’Aoste à l’exception des trois colonies walser de la vallée du Lys. En-dehors de l’Italie, le territoire d’origine du francoprovençal couvre également le centre-est de la France ainsi que la Suisse romande.
Le frioulan (furlan) est une langue parlée dans la région historique du frioul, à la frontière avec l’Autriche, au nord, ainsi que la Slovénie, à l’est. Cette langue s’est développée à partir du latin vulgaire vers la fin du haut Moyen-Âge, dans la zone autour de la ville d’Aquilée.
Le ladin est une langue parlée dans certaines zones alpines du Trentin-Sud-Tyrol et de la Vénétie, et représente le descendant direct de la variété locale du latin vulgaire qui y était parlé autrefois. La dénomination ladin était à l’origine très étroite, dans le sens où elle se référait probablement uniquement à la variété de la Val Badia. Par la suite, cette dénomination a été étendue à tout le groupe rhéto-roman des vallées dolomitiques.
Les dialectes lombards appartiennent aux dialectes gallo-romans. Ils sont parlés, en plus de la Lombardie, en Suisse dans les cantons du Tessin et des Grisons, dans la province piémontaise de Novare entre les rivières Sesia et Tessin, et dans la partie occidentale du Trentin.
Le mòcheno est une variété germanique parlée dans le Trentin, plus précisément dans le Fersental (en allemand) ou Valle del Fersina (en italien), environ à 20 km à l’est de la ville de Trente. Les locutrices et locuteurs, outre le mot mòcheno, utilisent le terme bersntolerisch ou de inger sproch (lit. ‘notre langue’) pour faire référence à la variété linguistique du Fersental.
Des variétés linguistiques de type occitan sont parlées par environ 10-15.000 personnes en Italie du Nord, principalement dans les vallées comprises entre la haute vallée de Suse, au nord, et le val Vermenagna, au sud, dans les provinces piémontaises de Coni/Cuneo et Turin. Ce territoire italien représente l’extrémité est de la zone plus vaste dans laquelle l’occitan est parlé, qui s’étend sur la majeure partie de la France méridionale. Les variétés occitanes parlées dans le Piémont, appelées localement patois ou parlar a nosto modo ‘parler à notre manière’, se caractérisent par une variation géographique notable; faute de centre d’influence particulier, aucune variété n’a émergé comme variété de référence.
Les variétés du piémontais à proprement parler sont celles que l’on retrouve dans la partie centrale de la région du Piémont. Parmi celles-ci, la variété de Turin a acquis au cours du temps un rôle d’influence particulière, à un tel point que l’on fait souvent référence par le terme “piémontais” à la koinè régionale basée sur le dialecte de Turin. Cette koinè s’est diffusée non seulement dans les centres urbains principaux (Ivrée, Lans-l’Hermitage, Suse, Pignerol, Dronier, Coni), mais également dans le répertoire linguistique des communautés occitane et francoprovençale.
Le résian fait partie des variétés minoritaires slovènes protégées par la loi nationale italienne n° 482/1999. Du point de vue de la dialectologie slovène, les variantes locales de la vallée de la Rosajanska Dolina (Val Resia en italien) constituent le groupe le plus nord-occidental des dialectes du littoral (primorščino narečje) (cfr. SLA, 11-14).
Le slovène est une des langues minoritaires officiellement reconnues par la loi nationale italienne n°482/1999. La région la plus septentrionale en Italie où l’on parle slovène est le Kanaltal (Val Canale en italien, Kanalska dolina en slovène), qui est quadrilingue: le slovène fait partie des répertoires individuels de la population avec l’allemand, l’italien et le frioulan.
Les dialectes appelés ‘trentins’, parlés dans la province de Trente, sont d’origine romane. Ceux-ci sont subdivisés en dialectes de type vénitien dans la partie orientale du Trentin et de type lombard dans la partie occidentale; la zone centrale présente des caractéristiques des deux types. Finalement, dans la partie sud de la vallée de l’Adige, un dialecte de transition entre le trentin central et le véronais est parlé.
Les dialectes tyroliens sont parlés en Autriche, dans le land du Tyrol, dans la commune suisse de Samnaun ainsi qu’en Italie, dans la province autonome de Bozen-Bolzano (aussi appelée Sud-Tyrol). Il s’agit d’un groupe de dialectes qui présentent des différences marquées d’une vallée à une autre, et qui appartiennent au groupe méridional des dialectes bavarois.
Les dialectes vénitiens couvrent une vaste zone en Italie du Nord-Est, non seulement dans la région de Vénétie mais également au Trentin et au Frioul, en plus des territoires d’outre-mer où des dialectes vénitiens sont parlés suite à l’émigration italienne des XIXème et XXème siècles.
La présence des Walsers (haut-valaisans germanophones) en Italie se manifeste aujourd’hui à travers de petites communautés parlant des variétés d’alémanique supérieur, dans les zones montagneuses du Piémont et de la Vallée d’Aoste, en particulier près du mont Rose (vallée du Lys, val d’Ossola, Valsesia et val Mastallone).